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Presque à la manière d’un cambrioleur, l’artiste vide son atelier, ses réserves, se précipite ensuite dans l’espace de l’exposition pour livrer sa farandole de trésors. De présentoirs en cafarnaums, il ne s’agit pas d’un inventaire, ni d’un vide grenier, ni même d’une exposition au sens classique du terme. L’artiste joue de l’ensemble de ces codes dans une présentation parfois extravagante, parfois précise, précieuse, voire religieuse.
C’est là que réside la force cet ensemble, dans le doute qu’il réussit à instaurer entre construction et destruction, précision et indéfinition, rigueur et nonchalance, préciosité et fausse négligence. L’artiste brouille les pistes, de telle sorte qu’on ne sait jamais si les peintures, les objets, les sculptures ou les environnements qu’elle propose sont des espaces dévastés ou au contraire méticuleusement et très délicatement construits et agencés.
L’écart, le mince liseré qui sépare l’ordinaire de l’extraordinaire, c’est l’endroit précis où se situe le geste de Cécile Meynier. Le geste, si simple est pourtant si complexe qui transforme une cloison en peinture, un débris en objet de vitrine, un bloc de béton en sculpture, une devanture en exposition, un pot-pourri en symphonie. L’écart, le très léger pas de côté que fait l’artiste pour passer du réel à l’imaginaire, du monde à l’art.