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Cécile Meynier a longtemps créé des atmosphères à travers les mises en scène de ses expositions et les différentes sculptures/maquettes, espaces dans l’espace, aux couleurs souvent criardes ou blafardes qu’elle fabrique.
Aujourd’hui, ses œuvres tentent d’articuler une réflexion qui mélange les matériaux, le « grand » art et un certain désir d’exotisme.
Les objets s’autonomisent, ils jouent et se jouent de l’espace. Les formes conservent une infinie liberté mais elles dialoguent de plus en plus clairement avec l’histoire du dessin, de la peinture et de la sculpture.
Coloriste affirmée, l’artiste n’oublie pas ses teintes fétiches, les dorés de pacotille, les jaunes vifs, les lumières des néons, mais elle introduit des tonalités plus douces. Elle teinte les crépis dans la masse distillant une subtile ambiguïté entre la peinture ancienne et la peinture industrielle. Les différences de grains, les effets poudreux renvoient tout autant aux plus belles fresques de la renaissance toscane qu’aux grands noms de la sculpture contemporaine.
Ainsi ces paravents, faits de panneaux d’aggloméré et de formica, qui accueillent et ansèrent de subtils dessins. Ces frottages réalisés au graphite ou à la mine de plomb donnent une préciosité insoupçonnée aux matériaux simples que l’artiste utilise. Ils leur confèrent même une certaine religiosité.
Au premier regard, ces objets convoquent un art plutôt contemporain, dans le prolongement du mélange des réflexions d’un certain art minimal et conceptuel autour de la peinture et de la sculpture, mais il n’en est rien.
Ils sont comme des retables dont les portes s’ouvrent vers la contemplation humaine et actuelle d’une artiste d’aujourd’hui, consciente de l’histoire dans laquelle elle s’inscrit, curieuse des autres, et ouverte au monde. Un monde dont l’univers se nourrit tout autant des enduits des maisons hongroises que de la sculpture marocaine, des apprêts gras et dégoulinant d’une discothèque de campagne que du sang qui coule dans les artères d’un marbre de Carrare, d’une plante verte sur une étagère ou d’une peinture monochrome. Un monde qui se donne ainsi la possibilité d’envisager de nouvelles définitions du sacré.